Et vous, qu’est-ce que vous avez bu le soir du 31 décembre ?

Publié le par du-vin-et-autres-curiosites

31122011422Si vous êtes adeptes des blogs sur le vin, vous aurez remarqué que très souvent les propriétaires de ces plateformes affichent une photo, d’une bouteille de vin communément, et que celle-ci est fréquemment accompagnée d’une légende ou d’un bref commentaire, le tout intitulé la plupart du temps « Qu’est-ce que vous avez bu ce soir ? », ou hier soir, ou pour les fêtes, ou pour … bref toutes les occasions sont bonnes pour présenter un vin. S’en suit ensuite toute une énumération de plats prétendus être les compagnons idéaux du breuvage. Ou bien, le menu qui a été ingurgité la veille en accord avec la ou les fameuse/s bouteille/s vous est exposé dans les moindres détails. Voilà ce qui me déplaît dans les blogs sur le vin, c’est probablement pour cette raison que je les consulte si peu, mais c’est exactement ce que je me propose de faire aujourd’hui.

La raison de cet alignement de mon comportement sur celui de mes co-blogueurs réside sans doute dans l’envie toute simple de parler, non pas du vin en lui-même, mais de tout ce qui l’entoure, son histoire, comment il a été déniché, etc. Et puis, peut-être que j’arrêterai de juger si sévèrement ceux qui se passionnent pour le collage d’étiquettes sur des albums numériques.

C’est un Château Léoville Poyferré 1994 que nous avons dégusté pour terminer l’année 2011 et accueillir en grande pompe le nouveau millésime 2012. Un Léoville Poyferré, c’est un Bordeaux rouge, un Saint Julien, 2ème Grand cru classé du Médoc, et pour les amateurs de détails techniques, les quatre cépages Bordelais entrent dans l’assemblage. Là, les non-amateurs se disent qu’ils s’en fichent pas tant que ça des détails et qu’ils aimeraient bien connaître eux aussi les ingrédients entrant dans la composition du nectar. Allez les autres, on leur dit ! Les quatre cépages rouges classiques du bordelais sont : le cabernet sauvignon, le merlot, le cabernet franc et le petit verdot.

Vous n’êtes pas sans savoir que les meilleurs vins sont ceux que l’on déguste en bonne compagnie ? Pour le coup, là ce fût réussi, et en plus si la compagnie en question parle le même langage que vous, alors la magie opère, le vin est décortiqué, analysé, passé au crible, c’est génial. Vous aviez pensé à une forme de magie un peu plus glamour ? Humm…

Où est-ce que l’on a dégoté un 2ème Grand cru classé millésimé 1994 ?  Et non, pas chez le caviste du coin de ma rue.  D’abord, parce qu’il n’y a pas de caviste au coin de ma rue, si je vous assure, il existe encore quelques rues à Paris où le phénomène ne s’est pas répandu, et puis quand bien même, vous avez déjà trouvé vous chez le caviste du coin de votre rue des flacons âgés de 18 ans ? Alors vous vous dites que j’ai dû descendre dans ma cave parfaitement aérée et ventilée, où règnent une température constante de 12 ° et un taux d’hygrométrie de l’ordre de 80%, et que dans cette somptueuse caverne d’Ali baba, je n’ai eu qu’à tendre le bras et choisir parmi ces milliers de bouteilles soigneusement rangées dans les nombreux casiers. J’ai effectivement une cave logée dans les sous-sols parisiens mais à mon grand regret elle ne contient que des cartons dont j’ai oublié le contenu et une vieille gazinière occupante des lieux bien avant mon arrivée dans le quartier que pour rien au monde je ne brancherais à l’arrivée de gaz si je ne veux pas me rendre coupable de l’explosion d’un immeuble Haussmannien du 18ème arrondissement.

Eh bien, figurez-vous que courant du mois de décembre, la « bonne compagnie » et moi avons assisté à une vente aux enchères à Avignon et c’est là que nous avons fait provision de denrées liquides pour l’hiver. S’il vous venait l’envie de déguster des vieilles bouteilles, n’hésitez pas à vous rendre sur ce genre de ventes. On n’est pas toujours à l’abri d’une mauvaise surprise, nous en avons d’ailleurs fait les frais, mais quand même, parfois ça vaut la peine de se laisser tenter, et puis qui ne tente rien, blablabla…

Au sujet de l’âge, 18 ans, c’est sûr, vous, ça ne vous rajeunit pas, mais pour un vin, ça donne quoi ? En milieu d’après-midi, nous débouchons la bouteille afin de nous parer à toute éventualité. J’hume le parfum qui se dégage. Mes sourcils se froncent, mon front se plisse. Là, ce sont ma nature négative et mon esprit extrêmement critique qui s’expriment. J’insiste et mes sourcils se froncent d’avantage. Bouhhhh… c’est kirsché et ça sent le pruneau à l’alcool. Je fais part de mes perceptions et de ma crainte, le breuvage me paraît bien trop évolué. Je goûte, qu’est-ce que c’est kirsché, puis ça manque de matière, c’est un peu trop dilué et déstructuré. La « Bonne compagnie » décide d’oublier la bouteille dans un coin de la cuisine pour quelques heures, nous testerons à nouveau ce soir. Ce sont sa nature optimiste et son enthousiasme qui parlent. 

Le soir venu, au moment du diner nous constatons que la robe de ce Saint Julien est encore éclatante. Le rouge grenat s’est drapé de reflets cuivrés  lumineux. Le nez lui est bien plus complexe qu’à la première dégustation. Les notes exubérantes d’évolution ont disparu pour faire place à de la délicatesse. Le fruité de la jeunesse n’est certes plus mais il a donné naissance à des fragrances nobles. Le cuir, le cèdre, la boîte à cigare telles sont les senteurs qui se dégagent de ce cru. On croirait presque respirer l’odeur des sièges d’une vieille Jaguar, même si à dire vrai, je ne suis jamais montée dans une vieille Jaguar, ou une Jaguar tout court. La bouche, en harmonie avec le nez, a perdu de sa chair mais elle se prolonge avec persistance dans le même registre de noblesse, à vous en faire chavirer le palais. C’est racé et élégant, l’instant est chargé d’émotion. Quel séducteur ce vin !

Vous vous demandez ce qu’on a mangé avec ? On s’en fiche !!

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